Après Le Regard, voici le goût : nous poursuivons ainsi l’exploration des sens par Ken Liu, une Heure après l’autre. Cette fois, cependant, pas de cyborg ni d’enquête (encore que), mais un récit plus historique ; nous sommes en pleine ruée vers l’or, à Idaho City. Passé un incendie d’origine inconnu, la ville se relève. Dans le même temps, une petite communauté de prospecteurs chinois s’installent, louent, entre autre, une maison à Jack Seaver.

C’est le choc des cultures, les américains prudents vis-à-vis des païens aux vies si étranges… Pourtant, Lily, la fille de M.Seaver, les aime bien, ces nouveaux venus. Leur musique, leur cuisine… Et, surtout, les histoires de Lao Guan, colosse à la peau rouge. L’histoire de Guan Yu, le Dieu de la guerre.

Ce récit d’un passé dans le passé nous parle :

  • de la période des Trois Royaumes, en Chine.
  • de l’arrivée et émancipation des travailleurs chinois en Amérique.
  • de la Guerre de Sécession, de la paix qui suivi et des possibilités.
  • de légumes, ravioles, graines de lotus, graines de pastèques, alcool de sorgho, whisky… Et des parties de wei qi.

Un bien jolie conte que ce récit ! Particulièrement nostalgique, pour ma part : enfant, ma mère nous lisait, à mon frère et moi, de vieilles légendes chinoises. En dévorant Toutes les saveurs, je me suis donc bien vite retrouvé en Lily, écoutant avec plaisir les récits de Lao Guan. Et quel personnage, ce colosse ! Si mystérieux, sage, fort, souriant, bon vivant… Conteur et guide de la petite communauté chinoise, Logan, comme l’appel les américains, est, avec Lily, l’architecte d’un pont, non sur la brume, mais reliant deux cultures.

Vive recommandation pour ce volume : quoiqu’elle ne nous emmène pas bien loin parmi les étoiles, cette Heure Lumière n’en est pas moins un merveilleux voyage.