Ceci est une réécriture du sonnet La Beauté de Baudelaire, donnant ici la parole à la Fontaine de la Place Royale de Nantes.

Je suis belle, Ô mortels ! Belle fontaine de pierre.
Mon bassin, où chacun s’est assis tour à tour,
Est fait pour attirer les nantais, aux beaux jours,
Leur inspirant une pause, où s’assirent leurs pères.

Je trône dans l’azur comme un sphinx incompris ;
J’unis un cœur de marbre à du bronze vieilli,
Immobile témoin de très nombreuses vies ;
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

Les nantais, devant mes grandes attitudes,
Que j’ai l’air d’emprunter aux plus fiers monuments,
Me font leur repère ; là s’arrêtent les passants.

Car j’ai, pour fasciner ces dociles amants,
Mille et un visages montrant Nantes, éternelle ;
De cette ville la Reine, je suis belle Ô mortels !