Les mots sont insuffisants.

Chaque seconde… Chaque seconde me fait planer un peu plus haut. Un peu plus vite. Un peu plus loin. Toujours plus loin.

La terre ferme est si loin.

Accélération ; rugissement, un sourire audible ; cri de confiance ; extase. Les mots…

Un millier d’émotions et de sensations s’emparent de tout mon être ; j’hallucine. Et c’est bien. J’aime ça. Je me laisse faire, une énième fois. Comme avant. Comme plus tard. Jamais de la même façon.

C’est comme une machine : j’appuie sur le gros bouton rouge… Et le Tout disparaît, remplacé par un autre.

Mais les mots sont insuffisants. Il faut autre chose. Un ingrédient supplémentaire, dédié à ce… À cette déferlante. Du bois, du métal, des cordes… De l’air. Des vibrations.

Du son.

Les mots sont insuffisants. Et pourtant, une fois assaisonnés… Je vole. Si vite et si loin ; la réalité est si loin. Si distante. Mon cœur bat à un rythme qui n’est pas le sien ; mes pensées sont dirigées par les sons, sans moi, passager clandestin. Et chaque seconde me fait planer un peu plus haut.

Je n’ai pas les mots, le mot, juste, correct ; extase ? C’est incomplet. Trop solide pour correspondre à quelque chose de si volatile. Trop matériel. Trop réel.

Les secondes passent : toujours, je m’éloigne de la réalité. J’hallucine. Du temps comme l’humain le connaît. J’écoute… Je vis au rythme des sons. Des voix. Des notes.

Je suis drogué.

La musique me fait planer.